Les apothicaireries, que l’on peut appeler pharmacies sans anachronisme en prenant pour justificatif leurs remaniements souvent intervenus au 19ème siècle, ont suivi l’évolution des hôpitaux. Mais, dans l’ensemble, avant les grands progrès de la médecine après la Révolution, elles avaient en commun l’utilisation de remèdes à base de plantes et d’animaux.
Si l’on excepte quelques préparations très locales, les poudres, drogues et pilules concoctées étaient les mêmes dans les hôpitaux ou Hôtels-Dieu d’Alise-Sainte-Reine, Arnay-le-Duc, Autun, Avallon, Beaune, Chablis, Chagny, Chalon-sur-Saône, Cluny, Le Creusot (Hôtel-Dieu en 1894, la ville étant récente), Dijon, Joigny (disparu), Ligny-le-Châtel, Louhans, Mâcon, Meursault (transformé depuis longtemps), Moutiers-Saint-Jean, Nolay, Nuits-Saint-Georges, Nevers, Sacquenay (disparu), Saint-Pierre-le-Moûtier, Selongey (la chapelle Sainte-Anne faisait office d’hôpital), Sens, Seurre, Tonnerre, Tournus et dans tous les autres de Bourgogne ou de France. A noter que les épiciers, qui vendaient eux aussi des plantes sous forme de poudre, étaient étroitement surveillés par les apothicaires qui les accusaient de concurrence déloyale et qui, surtout, s’inquiétaient de voir des personnes éloignées de la médecine vendre de tels produits guérisseurs.
Saint-Vincent de Paul a lancé un grand mouvement de charité en France, Louis XIV a favorisé la science médicale grâce à la Faculté de médecine, au Jardin Royal des Plantes devenu depuis le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris : tout ceci a contribué à uniformiser la médecine et ses remèdes.
Les soins guérisseurs étaient partout les mêmes. L’invention et la découverte de nouveaux remèdes profitent à tout le royaume. En grande partie, cela est dû à un bourguignon : Michel Sarrazin, premier scientifique canadien d’origine française, né à Gilly-lès-Cîteaux en Côte-d’Or.
Grâce à lui, quinquina et poudre de castor ont pu rejoindre les rangs occupés par les pots d’étain ou de faïence des apothicaireries contenant mélisse, capillaire, sauge, chiendent, tilleul, rhubarbe, aubépine, thym, trèfle, poudre à thériaque, valériane, gentiane, poix de Bourgogne et combien d’autres encore ! En réalité, dès la découverte de nouveaux continents (Asie grâce à Marco Polo, la voie vers l’Amérique par Christophe Colomb), de nouvelles plantes médicinales ont fait leur apparition en France.